mercredi 20 septembre 2017

"Carnaval" de Ray Celestin

"Carnaval" de Ray Celestin
Ed. 10/18 2016. Pages 523.
Titre Original: "The Axeman's Jazz"

Résumé: Au coeur du Sud profond, La Nouvelle-Orléans, construite sur des marécages en dessous du niveau de la mer, a toujours été aux prises avec tornades, inondations et épidémies de toutes sortes. La nature du sol en fait une cité qui s'affaisse, où les morts ne peuvent être enterrés. Alligators, serpents, araignées hantent ses marais. Nombre de menaces ont toujours plané au-dessus de la ville. Et pourtant...
Lorsqu'en 1919 un tueur en série s'attaque à ses habitants en laissant sur les lieux de ses crimes des cartes de tarot, la panique gagne peu à peu. On évoque le vaudou. Les victimes étant siciliennes, les rivalités ethniques sont exacerbées. Un policier, Michael Talbot, un journaliste, John Riley, une jeune secrétaire de l'agence Pinkerton, Ida, et un ancien policier tout juste sorti de prison, Luca D'Andrea, vont tenter de résoudre l'affaire. Mais eux aussi ont leurs secrets... Alors qu'un ouragan s'approche de la ville, le tueur, toujours aussi insaisissable, continue à sévir. Le chaos est proche.

La 7 de la page 7: "La masse des fêtards prit le chemin de la maison où s'était tenue la veillée." 

Le lecteur entre dans "Carnaval" suivi de notes de jazz, d'odeurs de cuisine créole mais aussi de violences suivies de ce sentiment de désastre imminent. Et il n'est pas déçu. La tension monte au fur et à mesure, bien dosée afin de ne pas étouffer le lecteur. Les meurtre s'enchaînent mais pourtant ce ne sont pas eux qui attirent le plus l'attention du lecteur. Parce que "Carnaval", au-delà du thriller, est un roman d'amour à la Louisiane. Le lecteur traîne des pieds dans les quartiers sombres, s'arrête deux minutes pour écouter aux portes, dodeline de la tête au son du jazz s'échappant des portes de bar entrouvertes. Si l'ambiance est particulièrement réussie, il faut mettre en évidence le talent de Celestin à nous offrir des personnages riches et intéressants. Ils sont bien construits et nous donnent envie de les connaître, de les laisser s'épancher sur notre épaule afin d'écouter leurs malheurs. Le lecteur est bercé dans une ambiance parfois malsaine, il est mal à l'aise car ces quartiers sont devenus les siens. La peur rôde et s'empare du lecteur qui ne demandait rien de plus que de continuer sa balade dans la Nouvelle Orléans. Un voyage dans l'espace mais surtout un voyage dans le temps où il est confronté aux inégalités raciales qui sont toujours, malheureusement, d'actualité dans une Amérique qui pose plus de questions qu'elle n'offre de réponses. 
Musique, magie, sorcellerie, violence, menace... Le lecteur en a pour son argent. Un excellent roman. 

Extrait: "Je vais te dire comment je vois le monde, fiston. Le tueur à la hache, c'est un mystère. Un truc avec une pièce qui manque et, que personne arrive à expliquer. Et dans nos têtes, on aime pas les pièces qui manquent. Alors, quand on voit ça, on remplace la pièce manquante par quelque chose. Ce quelque chose, c'est ce qu'on a dans un recoin de notre esprit et qui nous fait peur." 

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