jeudi 2 juin 2016

"Tout ce qu'on ne s'est jamais dit" de Celeste Ng.

'Tout ce qu'on ne s'est jamais dit" de Celeste Ng.
Ed. Sonatine 2016. Pages 271. 
Titre Original: "Everything I never told you" 

Résumé: Lydia est morte.
Lydia Lee, seize ans, est morte. Mais sa famille l’ignore encore…
Sa mère, Marylin, femme au foyer, rêve que sa fille fasse les études de médecine qu’elle n’a pas pu accomplir. Son père, James, professeur d’université d’origine chinoise, a tant souffert de sa différence qu’il a hâte de la retrouver parfaitement intégrée sur le campus.
Mais le corps de Lydia gît au fond d’un lac.
Accident, meurtre ou suicide ? Lorsque l’adolescente est retrouvée, la famille Lee, en apparence si soudée, va devoir affronter ses secrets les mieux gardés. Des secrets si longtemps enfouis qu’au fil du temps ils ont imperceptiblement éloigné ses membres, creusant des failles qui ne pourront sans doute jamais être comblées.

La 7 de la page 7: "D'ailleurs, je suis américain, ajoute-t-il, légèrement sur la défensive, quand les gens clignent des yeux d'un air étonné."


Les Editions Sonatine nous offre, généralement, des récits qui tendent plus vers le thriller, le policier et le suspens. Avec "Tout ce qu'on ne s'est jamais dit", elles innovent. Si vous êtes un fan inconditionnel des thrillers haletants et des suspens efficaces, passez votre chemin et ne lisez pas "Tout ce qu'on ne s'est jamais dit". Loin de moi l'idée d'écrire une mauvaise critique de ce roman. Mais il ne tombe absolument pas dans les catégories généralement défendues des Editions Sonatine. On est bien loin d'un Ellory ou d'un Anonyme par exemple. Et si vous entrez dans ce livre avec l'intention de lire un récit qui vous fera chavirer dans l'enquête ou un côté déjanté, vous serez déçus. Maintenant que cela est établit, concentrons-nous sur ce roman de Celeste Ng. Il y a plusieurs niveaux de lectures, plusieurs thèmes qui en font un roman riche et agréable à lire. Il nous met pourtant parfois (souvent) mal à l'aise. On entre dans cette famille sans y être invité, au détour de la mort tragique de Lydia, l'auteure dissèque une famille plus que dysfonctionnelle. Le propos de l'auteure est de nous emmener dans une histoire pathétique d'une famille qui ne se rend pas compte de ses propres défauts. Des parents qui ne se concentrent que sur un de leurs trois enfants. Des enfants qui se sentent délaissés ou au contraire beaucoup trop surveillés. Incapables de pouvoir se sortir de cette structure familiale. Une mère qui ne se concentrent que sur les études afin que sa fille ne connaisse pas le même destin qu'elle. Un père, assis entre deux cultures, qui ne parvient pas à se sortir de ses propres traumatismes de l'enfance et tente de protéger, maladroitement, ses enfants des difficultés qu'il a connu par le passé. Bref, une situation familiale souvent trop commune et très souvent dysfonctionnelle. Le drame est connu dès le départ, Ng nous emmène dans le récit de comment cette famille a pu se retrouver dans une telle situation. C'est sobrement écrit, sans qu'on s'immisce dans les méandres sinueux de la famille Lee. Le lecteur reste spectateur d'un drame annoncé. Le roman est efficace mais les personnages trop en avant et paradoxalement trop en retrait n'ont pas gagné ma sympathie. Ils sont tous tellement auto-centrés qu'on ne parvient pas à leur trouver une substance autre que l'égoïsme qu'ils dégagent. Cela reste, toutefois, un bon roman, bien écrit et qui a le mérite de poser de bonnes questions.


Extrait: "Et il avait décidé de lui montrer les photos des astronautes qu'il avait collectionnées, sa liste de lancements, tout. Elle comprendrait. Elle serait impressionnée. Puis, avant qu'il ait pu dire un mot, Lydia était descendue, et l'attention de sa mère s'était envolée et posée sur les épaules de sa fille. Nath boudait dans un coin, triturant les bords de son classeur, mais personne n'avait fait attention à lui jusqu'à ce que son père arrive dans la cuisine."

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