mardi 14 juillet 2015

"J'ai tué" suivi de "J'ai saigné" de Blaise Cendrars

"J'ai tué" suivi de "J'ai saigné" de Blaise Cendrars. 
Ed. Zoé Poche 2015. Pages 109. 

Résumé: Au fil de deux nouvelles courtes mais d’une très grande densité, Cendrars raconte l’horreur de la Première Guerre mondiale. J’ai tué, c’est l’arrivée des soldats au Front, inconscients de la boucherie imminente. Porté par cette masse humaine, l’auteur décrit l’impunité qui l’anime lorsqu’il tue au couteau un soldat allemand. Dans J’ai saigné, Cendrars vient de perdre son bras, arraché par un tir de mitrailleuse. Il est emporté dans un hôpital de campagne pour une longue convalescence, entouré de blessés de guerre qui s’avèrent finalement bien moins chanceux que lui. Blaise Cendrars (1887-1961) est une figure majeure de la littérature du xxe siècle. Poète, romancier, journaliste, il a parcouru le monde et l’a retranscrit en une langue puissante et novatrice.

"J'ai tué" 
La 7 de la page 7: "C'est l'heure H." 
Le seul reproche que l'on peut trouver à ce texte est qu'il est court. Mais il n'a pas besoin de plus de lignes que celles utilisées par l'auteur pour être percutant. Comme toujours, Cendrars trouve le mot juste et nous gifle de ses phrases courtes et brutales. Ici, il nous décrit la guerre. Il nous la livre sans fioriture, sans complaisance.
Extrait: "Je vais braver l'homme. Mon semblable. Un singe. Œil pour œil, dent pour dent. A nous deux maintenant. A coups de poing, à coups de couteau. Sans merci. Je saute sur mon antagoniste. Je lui porte un coup terrible. La tête est presque décollée. J'ai tué le Boche. J'étais plus vif et plus rapide que lui. Plus direct. J'ai frappé le premier. J'ai le sens de la réalité, moi, poète. J'ai agi. j'ai tué. Comme celui qui veut vivre." 

"J'ai saigné"
La 7 de la page 7: "Et parfois un cri, un long hurlement de douleur nous déchirai, et j'aurais été bien embarrassé de dire qui de nous quatre, et si ce n'était pas moi, avait poussé ce hurlemen, ce cri qui tenait de la bête et qui me faisait honte, cependant que l'ambulance fonçait tant que ça pouvait."
Cendrars, orphelin de son bras droit, nous livre son séjour à l'hôpital. Le texte est plaisant et douloureux en même temps. Au détour  d'un mot, on découvre toute la douleur de la Première Guerre Mondiale. Ces corps martyrisés, ces âmes endolories de membres fantômes. 
Un texte dur d'émotions qui ne sont pas les nôtres mais qui nous touchent profondément. 
Extrait: "Pauvre gosse! C'est ce petit berger des Landes qui m'a fait comprendre que si l'esprit humaina pu concevoir l'infini c'est que la douleur du corps humain est également infinie et que l'horreur elle-même est illimitée et sans fond."

 

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