jeudi 20 octobre 2016

"Limonov" de Emmanuel Carrère

"Limonov" de Emmanuel Carrère.
Ed. P.O.L. 2011. Pages 489.

Résumé: « Limonov n’est pas un personnage de fiction. Il existe. Je le connais. Il a été voyou en Ukraine ; idole de l’underground soviétique sous Brejnev ; clochard, puis valet de chambre d’un milliardaire à Manhattan ; écrivain branché à Paris ; soldat perdu dans les guerres des Balkans ; et maintenant, dans l’immense bordel de l’après-communisme en Russie, vieux chef charismatique d’un parti de jeunes desperados. Lui-même se voit comme un héros, on peut le considérer comme un salaud : je suspends pour ma part mon jugement. C’est une vie dangereuse, ambiguë : un vrai roman d’aventures. C’est aussi, je crois, une vie qui raconte quelque chose. Pas seulement sur lui, Limonov, pas seulement sur la Russie, mais sur notre histoire à tous depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale »

La 7 de la page 7: "On le croisait au Palace, arborant une vareuse d'officier de l'Armée rouge." 

"Limonov" est un roman assez bien tourné qui joue sur la réalité et sur la fiction. Edouard Limonov a vraiment existé. Et Carrère nous livre ici une biographie soutenue. Le personnage d'abord. Complexe. On ne sait pas trop quoi en penser, tantôt aimable, tantôt médiocre. Que croire de cette biographie romancée? Où est la réalité et où se trouve la fiction de Carrère. Le texte envoûte. Efficace. Réfléchis. Carrère nous livre un roman qui se lit vite mais surtout qui se lit bien. On tourne les pages avec fluidité, avides que nous sommes de connaître la suite. Mais attention, ce roman est divisé en différentes parties qui, il faut bien l'avouer, ne sont pas vraiment égales. Mais cela ne nuit en rien à ce roman que chaque lecteur interprétera à sa façon. 

Extrait: "Si désireux qu'il soit de s'intégrer à une communauté, il en a assez d'eux. Et comme il en a assez aussi des émigrés russes, il transporte sa valise de l'hôtel Winslow, leur quartier général, à l'hôtel Embassy, encore plus minable si possible mais exclusivement fréquenté par des Noirs toxicomanes et prostitués des deux sexes, qu'il juge plus élégants. Il y est le seul Blanc, mais il ne détourne pas car, comme l'a remarqué Carol dans la bouche de qui ça ne semblait pas un compliment, il s'habille comme un nègre. Dès que le déménagement d'un quelconque rabbin lui a rapporté quelques dollars, il les investit dans la sape, d'occasion mais voyante: ses costumes rose et blanc, ses chemises à jabot de dentelle, ses vestes de velours mauve frappé, ses bottines à talons bicolores lui valent la considération de ses voisins. Et lui rapporte le dernier de ses fidèles, Liona Kossogor, en sachant qu'il lui fera plaisir, la rumeur enfle chez les émigrés. On le disait pédé, tchékiste, suicidé, on dit maintenant qu'il vit avec deux putes noires et qu'il est maquereau."

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