dimanche 20 août 2017

"L'Ours est un écrivain comme les autres" de William Kotzwinkle

"L'ours est un écrivain comme les autres" de William Kotzwinkle
Ed. 10/18 2016. Pages 286.
Titre Original: "The Bear went over the Mountain"

Résumé: Il était une fois un ours qui voulait devenir un homme… et qui devint écrivain. Ayant découvert un manuscrit caché sous un arbre au fin fond de la forêt du Maine, un plantigrade comprend qu’il a sous la patte le sésame susceptible de lui ouvrir les portes du monde humain – et de ses supermarchés aux linéaires débordants de sucreries… Le livre sous le bras, il s’en va à New York, où les éditeurs vont se battre pour publier l’œuvre de cet écrivain si singulier – certes bourru et imprévisible, mais tellement charismatique ! Devenu la coqueluche du monde des lettres sous le nom de Dan Flakes, l’ours caracole bientôt en tête de liste des meilleures ventes…
William Kotzwinkle est l’un des écrivains américains les plus comiques : il s’en donne à cœur joie dans cette parabole animalière hilarante, irrésistible satire des milieux littéraires et médiatiques.

La 7 de la page 7: "Il tâcha de ne pas se départir de son savoir-vivre alors qu'il bouillonnait secrètement de joie."  

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'en ouvrant "L'ours est un écrivain comme les autres", on ouvre une petite pépite de littérature. Ce roman est un ovni dans lequel on entre directement dans le vif du sujet. Un ours vole un manuscrit. En voilà une idée saugrenue. Et pourtant diablement efficace. Il y a tellement de degrés de lecture dans ce roman qu'il est difficile de les compter. L'ours est l'homme brut, l'homme de base jugé par les  élites intellectuelles. Celui qui ne comprend rien. Et pourtant tout le monde n'a qu'un souhait: lui plaire. Paradoxe de notre société où tout n'est qu'apparences et prétentions, l'ours se joue de tous et de toutes, tout en restant toujours un ours. Ce roman est drôlissime et pourtant tellement virulent. "L'ours est un écrivain comme les autres" est une critique viscérale de notre société et du monde de l'édition, voir le monde culturel dans sa grande généralité. Chacun en prend magistralement pour son grade. Tout le monde l'adore, personne ne le connaît. On crie au génie alors qu'il n'a strictement rien fait, mis à part, peut-être, être un ours. On recherche du sens dans tout et n'importe quoi. L'art est l'excuse la plus utilisée afin de faire n'importe quoi. Et on en redemande. Toujours plus. L'ours, c'est l'anticonformisme qui s'ignore. 
A force de vouloir paraître intelligents et spirituels, les personnages tombent dans le piège de Kotzwinkle, ils touchent le ridicule et s'y prélassent avec joie. 
L'auteur et son ours nous offrent un roman intelligent, acide, drôle et diablement réussi. Un pur bijou. 

Extrait: "Retournant d'un pas traînant dans le salon, il se rassit devant le dessin animé. Le Coyote, à présent, se faisait écraser par un rouleau compresseur, son cou s'allongeant tandis qu'il cherchait à s'échapper. L'ours applaudit des deux pattes. Cette fois, il ne s'en tirera pas. Mais le coyote s'en sortit, et l'ours lui adressa un grognement appréciateur. Les coyotes étaient fourbes. Ils lui avaient plusieurs fois chapardé de la nourriture. Pas d'autre choix que de les frapper violemment contre un arbre, pour les mettre K.O. Là, ils se tenaient à carreau." 
 

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