mercredi 27 juillet 2016

"Désolé, je suis attendue" de Agnès Martin-Lugand.


“Désolée, je suis attendue” de Agnès Martin-Lugand.
Ed. Michel Lafon 2016. Pages 376.

Résumé: Yaël ne vit que pour son travail. Brillante interprète pour une agence de renom, elle enchaîne les réunions et les dîners d'affaires sans jamais se laisser le temps de respirer. Les vacances, très peu pour elle, l'adrénaline est son moteur. Juchée sur ses éternels escarpins, elle est crainte de ses collègues, et ne voit quasiment jamais sa famille et ses amis qui s'inquiètent de son attitude. Peu lui importe les reproches qu'on lui adresse, elle a simplement l'impression d'avoir fait un autre choix, animée d'une volonté farouche de réussir. Mais le monde qu'elle s'est créé pourrait vaciller face aux fantômes du passé.

La 7 de la page 7: “Il y avait un petit côté crade, pas installé, avec des tabourets de bar branlants et une télé au-dessus du bar.”

“Désolée , je suis attendue” est ma première rencontre avec Agnès Martin-Lugand. Et certainement pas la dernière. Ce roman est léger sans pour autant perdre de son sérieux ni de son propos. Yaël est un personnage complexe mais surtout très réaliste. Même si on a une petite idée des raisons qui l’ont conduites à devenir aussi froide qu’une lasagne qu’on vient de sortir du congélateur, le récit reste très bien construit et le rythme incite le lecteur à continuer. On a absolument pas envie de laisser Yaël toute seule. On veut connaître son histoire. On l’accompagne dans ses changements. Parfois on la giflerait bien, mais souvent on a juste envie de la prendre dans nos bras et de la consoler, lui dire que tout va bien se passer. Les autres personnages sont le tremplin de ses changements. Ils sont crédibles, plus même, ils sont vrais. Si “Désolée, je suis attendue” a un petit côté roman d’amour, c’est surtout un récit de vie et de la manière dont nos choix et ceux des autres nous affectent ou, surtout, comment on les laisse nous affecter. Un vrai bon moment.

Extrait: “Ce samedi-là, je pris mon temps en rentrant dans la piscine. Sans savoir pourquoi, mon regard fit aimanté par une famille, ils faisaient leurs courses du samedi, les enfants étaient déchaînés et les parents avaient le teint brouillé et le regard partagé entre l’amour pour leurs petits et la colère d’avoir été réveillés trop tôt un matin de week-end. La femme du sentir que je les regardais, elle me jeta un coup d’œil peu amène et envieux; j’avais grosso modo le même âge qu’elle, elle devait se dire que je me pavanais dans ma tenue de sport dernier cri, avant de rentrer dans mon appartement design et impeccablement rangé pour prendre une douche qui pourrait durer plus d’une heure, pendant laquelle personne ne m’embêterait, et qu’ensuite, si je le voulais, je pourrais profiter des derniers rayons de soleil de l’automne et déjeuner d’un croque-madame en terrasse, avant de faire quelques boutiques et de dépenser tout cet argent que j’emmaganisait en me défonçant au travail.”

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