mercredi 6 avril 2016

"Le Silence des agneaux" de Thomas Harris.


“Le Silence des agneaux” de Thomas Harris.
Ed. Pocket 2007. Pages 377.
Titre original: “The Silence of the Lambs”

Résumé: Le FBI est mis en échec par un psychopathe qui accumule les meurtres dans le seul but de récupérer leur peau. Lorsqu'il enlève la fille d'un sénateur, les fédéraux confient à la jeune Clarice Starling, encore élève stagiaire, l'inquiétante mission d'interroger le Dr Hannibal Lecter, emprisonné à vie pour meurtres et cannibalisme. L'ancien psychiatre, grâce à ses connaissances sur la psychologie des déviants criminels, reste la seule personne à pouvoir mettre le FBI sur la piste du tueur. Lecter accepte de communiquer avec Clarice mais à la condition qu'elle dévoile ses peurs, ses souvenirs d'enfance. En échange, il va peut-être l'aider à retrouver le tueur...

La 7 de la page 7: “Et il me le faut pour dimanche matin, neuf heure.”

Sacralisé au cinéma, “Le Silence des agneaux” est le roman central de l’oeuvre de Harris. Si c’est le deuxième tome de la trilogie, il n’en reste pas moins qu’il est probablement le plus faible de cette saga. Si il a le mérite de mettre le visage d’Anthony Hopkins sur le personnage de Lecter, le livre est tout de même moins bon que le film. C’est suffisament rare pour qu’on s’y attarde deux minutes. L’aura de Lecter dans le film est surtout dû à l’interprétation magistrale de Hopkins. On se perd dans ses yeux bleus et froids. Sa diction nous donne des frissons dans le dos. Son personnage mange l’écran et ne permet pas tellement aux autres acteurs (pourtant tout autant magistraux qu’Hopkins) d’imposer leur interprétation. Hopkins gagne un oscar pour un second rôle qui va devenir central au cinéma. Or ce n’est jamais réellement le cas chez Harris. Et c’est justement pour cela qu’il faut bien distinguer le cinéma de la littérature. On ne parle pas de la même oeuvre. Pas du tout. Reprenons d’abord le premier tome, “Dragon Rouge”. Lecter n’est pas un personnage central dans ce roman. C’est Will Graham qui est le personnage principal. Lecter n’est qu’un élément de la vie de Graham qui va faire avancer l’intrigue. Harris ne met jamais Lecter au centre de son livre dans le premier tome. Et il fait exactement la même chose dans “Le Silence des agneaux”. Lecter n’est absolument pas central. C’est Clarisse qui mène la danse. Lecter est beaucoup plus présent dans ce deuxième tome que dans le premier, c’est un fait. Mais Harris ne lui donne pas encore de place centrale (il ne le fera que dans le troisième tome, écrit après les films)
Et c’est justement là que réside l’astuce. Le personnage de Graham est beaucoup mieux construit que celui de Sterling (qui explosera dans le troisième tome, mais qui n’est pas, ici, à la mesure de Graham) Et c’est là que la déception s’installe. La déception n’est que littéraire pourtant. Car il faut bien avouer qu’on se prélasse dans ce roman en imaginant l’ombre d’Hopkins planant dans ce roman. Jonathan Demme, le réalisateur du film, est parvenu à donner une aura au livre alors qu’à la base, elle n’en possède que peu par rapport au premier tome. Une déception alors? He bien non. Car la plume de Harris, elle, est toujours particulièrement efficace. Son intrigue est implacable et il nous prend à revers . On ne s’attend pas à ses rebondissements. On sourit de ses clins d’oeil sans voir ce qu’il nous met vraiment sous le nez. Donc, si on résume tout cela, on en arrive à un deuxième roman un peu en-dessous du premier tome. Mais le roman reste pourtant efficace. Cinéma et littérature se rencontrent dans ce roman et l’un comme l’autre en sortent grandis par cette rencontre plus que réussie.

Extrait: “A l'extrémité du couloir, le docteur Hannibal Lecter se tenait droit comme un i, le visage à trente centimètres du mur. Il était attaché par une toile à sangles, telle une horloge comtoise, sur un petit chariot de déménageur. Sous les sangles, il portait une camisole de force et ses jambes étaient entravées. Le masque de hockey qui couvrait son visage l'empêchait de mordre; c'était aussi efficace qu'un bâillon, mais moins mouillé de salive, pour le confort des aides-soignants.”

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